Black swan : un film à voir et à revoir
Nina est danseuse classique au New York City Ballet, c'est une perfectionniste. En concurrence intense, elle tente de décrocher le "double" rôle de l’héroïne du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Dans cet univers déroutant , sous la chape d'une mère dominatrice et d'un professeur intransigeant , Nina doit faire face à des troubles de plus en plus préoccupants.
Avant d'entrer dans une quelque conque explication il est bon de rappeler que c'est un film complexe et qu'il peut prêter à moult interprétations, les plus curieux d'entre nous auront même raison de le revoir tant ils trouveront de nouveaux éléments aidant à sa compréhension. Nathalie Portman ne joue pas un rôle, elle le vit, c'est là un des secrets du film de Darren Aronofsky qui nous plonge non pas devant son œuvre, mais nous prend en otage à l'intérieur même de l'action en ne nous épargnant aucune scène, qu'elles soient agréables ou dérangeantes, mais toujours aussi artistiques et théâtrales. On ne s'ennuie pas, certaines trames pourraient sembler banales au premier regard, mais elles sont jouées avec beaucoup de profondeur et de sagacité. L’émotion qui s'en dégage est surprenante et c'est crescendo que le réalisateur nous fond dans la peau de cette danseuse tantôt signe blanc tantôt signe noir qui grandissant côte à côte tout au long de l'intrigue nous emmènent jusqu'au dénouement final. Quel est le prix d'une interprétation parfaite ? Lequel des deux signes doit rester ? On ressent des émotions opéresques grâce à un découpage et une construction d'un film savamment mené. D'un intérêt psychologique on entre dans le domaine très intéressant, mais très obscur de la schizophrénie, on ne sait plus qui est qui. Le film est mené de telle manière que le spectateur est perdu, comme Nina il doute et se demande quelle est la place du réel et celui de l'imaginaire, de l’interprétation et du naturel. Plusieurs profils sont à observer, celui de la mère qui semble être au début du film le plus inquiétant, celui du professeur qui obsède son élève ou bien celui de Nina héroïne d'un personnage étourdissant qui n'en finit pas de nous étonner tant elle transcende son rôle. C'est donc certainement un des films de cinéma les plus palpitants de Darren Aronofsky ayant pour preuve ses neuf prix et ses vingt et une nominations. Prenant du début à la fin, il nous plonge dans son univers haletant duquel on ne sort pas indemne.