Le meilleur film de Johnny Depp
Acteur dans une cinquantaine de films, et égérie de toute une génération, Johnny Depp n'en est pas moins un comédien peu conventionnel dont le choix des rôles a su dès le début de sa carrière l'orienter vers des réalisateurs talentueux et en marge du cinéma américain comme Tim Burton, Jim Jarmush, Emir Kusturica, Roman Polanski ou Terry Gilliam.
Monsieur Loyal
Les films de Johnny Deep démontrent sa loyauté envers ses réalisateurs Sa collaboration avec Tim Burton en est un exemple probant : 8 films, d'Edward aux mains d'argent (1990) qui le propulsa, à Dark Shadows (sortie à venir). On imagine un attachement presque affectif de l'acteur pour ses réalisateurs (et inversement) tant les rôles qu'il accepte peuvent être insolites (Ed Wood, le Chapelier fou d'Alice aux Pays des Merveilles, Barnabas Collins dans Dark Shadows pour les films de Tim Burton), voire virtuels (les Noces funèbres, Rango). Des rôles les plus fantaisistes aux rôles les plus intrigants (la Neuvième porte de Polanski, From Hell, Sleepy Hollow,Sweeney Todd, le diabolique barbier), l'acteur est pourtant toujours juste, et porte souvent le film, même dans les rôles de composition. Et si tous les films de Johnny Depp semblent cohérents, il en est pourtant un qui l'est plus qu'un autre, au début de sa carrière.
Un personnage du "Temps des gitans"
Tout dans Johnny Depp respire la bohème slave, à commencer par son style, moitié hippie-chic, moitié rebelle. On le dirait sorti du film d'Emir Kusturica, le Temps des Gitans (1989). Et le parallèle entre ce réalisateur et cet acteur trouve toute sa justesse dans leur collaboration en 1993 pour Arizona Dream (Ours d'Argent (prix spécial du Jury) au Festival du Film International de Berlin, prix du public au festival du film de Varsovie, 1994). Plus que d'être le meilleur film de Johnny Depp, Arizona Dream signe pour moi, la naissance de cet acteur autant que de cet homme qui n'est jamais réellement sorti depuis de cette fable magique, où la difficulté est de trouver l'équilibre entre rêve et réalité. Film douloureux pour son réalisateur (il coïncide avec la mort de son père et la guerre civile dans son pays la Yougoslavie), il est aussi un grand moment de poésie du cinéma où le jeu de Johnny Depp trouve tout son sens. Arizona Dream est un grand film, mais aussi une grande rencontre entre deux hommes qui ont perdu et commencé quelque chose ensemble, quelque chose de douloureux, de romantique et de libre. "Si tu veux voir l'âme de quelqu'un, demande-lui à quoi il rêve." (dialogue du film).